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Comment être un.e bon.ne allié.e pour les personnes transgenres en étant cisgenre

  • Photo du rédacteur: Cloé Garnier
    Cloé Garnier
  • 9 mars 2020
  • 8 min de lecture

Dernière mise à jour : 23 avr. 2020

Tout d’abord, rappelons que l’identité de genre est à dissocier de l’expression de genre et de l’orientation sexuelle. Alors que l’identité de genre concerne le genre auquel une personne a le sentiment profond d’appartenir, l’expression de genre indique la manière dont une personne exprime ouvertement son genre. L’orientation sexuelle quant à elle concerne l’attirance sexuelle, qu’elle soit envers le même genre, un autre genre, indépendante du genre ou inexistante. Ainsi toutes les personnes, cis ou trans, peuvent être hétérosexuel.les, homosexuel.les, bisexuel.les, asexuel.les, pansexuel.les, etc.

Rappelons également que le mot « transgenre » est un mot parapluie, désignant aussi bien des personnes binaires que non-binaires.



Un peu perdu.e dans tous ces termes? Pas de souci, voici un petit lexique récapitulatif :


Identités de genre :


Agenre et neutrois: Personne qui ne se reconnaît dans aucune identité de genre. Variation de la non-binarité. Une personne agenre s'identifie comme n'ayant pas d'identité de genre, qui est neutralisé. Alors que la personne non-binaire se place sur une position intermédiaire sur l'axe homme/femme, la personne agenre se situe en dehors de cet axe.

Androgyne: Peut relever de l’identité de genre tout comme de l’expression de genre. Personne dont l’identité de genre se situe entre les deux pôles socialement valorisés, présentant des aspects associés à la fois aux femmes et aux hommes

Binarité de genre: Conception traditionnelle de la diversité des genres humains selon laquelle seuls deux genres existent, homme ou femme, deux précisément et invariablement, distincts et déconnectés

Cisgenre: Personne dont l’identité de genre correspond au sexe biologique ou assigné à la naissance. Se dit d’une personne qui n’est pas transgenre.


Fluide: Dont l’identité de genre ou l’orientation sexuelle est changeante ou ne peut pas être classée.

Intersexe: Personne dont le sexe biologique ou assigné à la naissance présente naturellement des caractéristiques qui ne sont pas strictement masculines ou féminines.

Non binaire: regroupe les personnes dont le genre se trouve en dehors de la binarité homme/femme.

Sexe assigné à la naissance: Sexe biologique déterminé au moment de la naissance par la déclaration d’état civil. Le sexe assigné à la naissance peut varier du sexe biologique et n’est pas nécessairement un facteur déterminant dans l’identité de genre d’une personne.

Transgenre: Personne dont l’identité de genre ou le sexe biologique se situe en dehors du binarisme homme-femme, qui ne s’identifie pas à son sexe assigné à la naissance.

Pangenre: une personne se définissant de tous les genres à la fois, de manière égale.



Verbes et Adjectifs:

Dégenré: Dont les aspects genrés ont été déconstruits. À l’opposé, les espaces dits genrés sont souvent les toilettes et les vestiaires.

Dysphorie de genre: Trouble de l’identité de genre qui témoigne d’un désaccord entre le sexe assigné à la naissance et l’identité de genre d’une personne.

Mégenrer: Utiliser le mauvais pronom ou les mauvais accords en parlant d’une personne trans.

Morinommer: Utiliser le prénom de naissance d’une personne transgenre (voir deadname plus bas).

Transition: Période durant laquelle une personne entreprend volontairement un processus visant à faire correspondre son expression de genre et son identité de genre. Ces démarches peuvent être d’ordre médical, social ou légal.

Deadname: Littéralement : « prénom mort ». Aussi appelé « nom de naissance » car il désigne le nom attribué à une personne à la naissance. Interdit de l’utiliser s’il n’est pas en adéquation avec l’identité de genre de la personne !

Outer: Révéler la transidentité d'une personne, à ne jamais faire sans l'accord de la personne en question !

Passing: La notion de ressembler à une personne cis de son genre.



Mais soutenir les personnes transgenres quand on est cisgenre, c'est aussi apprendre à se taire et à les écouter. C’est pour cela que j’ai demandé l’aide de Lizbonne (pseudo d'une personne genderfluid) dont voici la lettre ouverte.


Comment mieux soutenir les personnes trans ?


Si vous lisez ce texte et que vous n'êtes pas trans cela veut dire que vous êtes cis, et donc que vous avez l'opportunité de devenir les bons alliés dont les personnes trans ont besoin. Voici quelques conseils que vous devriez adopter si vous avez envie de mieux soutenir les personnes trans, que ces dernières soient vos proches ou non.

Étape 1 : prénoms et pronoms


Certaines personnes trans changent de prénom ou adoptent des nouveaux prénoms lors de leur transition. Cela n'est pas obligatoire pour être trans mais vous devez respecter leur choix quoi qu'il arrive. Sachez que les prénoms d'une personne trans sont sujets à changer, quelqu'un peut avoir envie d'expérimenter avec plusieurs prénoms différents avant de trouver celui ou ceux qui lui conviennent le mieux, et c'est normal. Lorsqu'une personne trans arrête d'utiliser son prénom de naissance, celui-ci devient ce que certaines personnes appellent son « deadname » et le connaître ne vous regarde pas.

Si vous connaissiez la personne avant qu'elle ne change de prénom, ne lui rappelez pas, n'y faites pas allusion, et utilisez son nouveau prénom même quand vous parlez d'événements passés.


Quant aux pronoms et aux accords, ces derniers peuvent aussi changer (voire même plusieurs fois) et c'est aussi un choix à respecter. En plus des pronoms « il » et « elle » en français, certaines personnes utilisent des pronoms neutres comme par exemple iel, yel ou ael, etc... Une personne peut utiliser différents pronoms selon les contextes (tout comme les prénoms), et si jamais vous avez un doute, n'hésitez pas à demander, mais faites-le dans un environnement privé ou tout du moins pas dans un espace majoritairement cis. Il est bien sûr aussi important que vous utilisiez les bons pronoms, accords et prénoms pour parler de quelqu'un, même en son absence.


Vous allez sûrement mégenrer des personnes par accident, ce n'est pas un acte à normaliser et à banaliser, mais si ça arrive, excusez-vous, passez à autre chose et ne recommencez pas. La chose à ne pas faire dans ce contexte serait de s'attarder là-dessus, ou de faire des platitudes pendant plusieurs minutes (un « excuse-moi » suffira) et si vous êtes dans un espace cis, toute action que vous pourrez entreprendre pour attirer l'attention sur la transidentité de la personne avec qui vous parliez est une action de plus qui peut mettre celle-ci en danger potentiel.

Étape 2 : se remettre en question


Bien sûr, la part la plus importante de votre mission en tant qu'allié sera de vous remettre en question.

Pour commencer, si quelqu'un dans votre cercle proche entame une transition, et qu'il vous est difficile au début de vous adapter aux nouveaux prénoms et pronoms, souvenez-vous que vous n'êtes pas le centre de sa transition donc il vous revient de faire de votre mieux. Les personnes trans en savent beaucoup plus sur leurs propres corps que vous, et si une personne trans vous parle d'aspects médicaux de sa transition qui vous semblent « malsains », épargnez-lui votre commentaire avant d'avoir fait des réelles recherches.

De plus, ce n'est pas à vous de donner des conseils vestimentaires, cosmétiques, d'attitude, de présentation etc... à moins qu'on vous en ait demandé.

De la même manière, essayez d'éviter tout commentaire sur le passing d'une personne qui ne vous a pas demandé votre avis, même si vous pensez offrir un compliment.

Évitez d'outer sans son consentement.


Si vous n'êtes pas transgenre, vous êtes cisgenre. Ceci est un fait non discutable et le mot « cis » ou « cisgenre » n'est ni une critique ni une insulte. De fait, il est évident que si vous parliez encore des personnes cis en utilisant des termes inadaptés comme « réel », « naturel », « biologique » etc... il faut que vous les remplaciez par cis dans votre vocabulaire immédiatement.


Pour finir, la déconstruction de tous les biais transphobes que vous avez inconsciemment intégrés est un travail constant, et si une personne trans vous fait remarquer qu'une certaine attitude ou certains propos sont transphobes, ne discutez pas. S'il s'agit de quelque chose que vous avez fait, demandez sincèrement pardon et passez à autre chose.

étape 3 : écouter et amplifier


Dans la même veine que votre remise en question, il va bien sûr falloir écouter les voix des personnes trans mais aussi savoir les amplifier.

Pour commencer, si cela n'était pas déjà clair : les personnes trans sauront toujours mieux que vous quand il s'agit de transidentité. Cependant, les personnes trans de votre entourage ne doivent pas non plus faire office d'émissaires ou de représentant·e·s universel·le·s de la communauté trans, pour deux raisons principales : premièrement, nous n'avons pas de travail rémunéré qui nous donnerait l'obligation d'être disponibles pour répondre à la moindre de vos questions sur la transidentité, et deuxièmement parce que la communauté trans est diverse et variée autant dans les membres qui la constituent que dans les opinions qui s'y tiennent (y compris sur des sujets tels que la transidentité).

Cette diversité d'opinions a pour conséquence -entre autres- que certaines personnes trans ne seront pas à l'aise avec des termes ou des dénominations qui ne poseront aucun problème à d'autres (en règle générale, évitez quand même d'utiliser le terme transsexuel qui est pathologisant et revendiqué par une part extrêmement infime de la communauté). Une autre conséquence plus anecdotique de cette diversité est que si vous êtes amené·e·s à avoir des rapports sexuels avec des personnes trans, pensez à leur demander respectueusement et individuellement en amont quelles sont les pratiques qui leur feraient plaisir et celles à ne pas faire (car toutes les personnes trans ne sont pas forcément à l'aise avec les mêmes choses).


Autant qu'il soit important de ne pas limiter vos recherches sur la transidentité aux personnes de votre entourage, il est aussi important de ne pas se limiter à écouter des personnes trans qui disent uniquement des choses qui vont dans votre sens (s'il n'y a aucune remise en question, vous n'apprendrez sûrement pas grand-chose).


Autre point important : ne cherchez pas à « expliquer » notre transidentité dans le sens où personne ne vous demande de trouver des raisons, des explications ou des justifications à la transidentité, il vous suffit de comprendre que c'est un fait réel et qu'il faut le respecter.


Pour finir, si vous êtes amené·e à consommer du contenu culturel qui traite de thématiques trans (films, livres, vidéos, podcasts, articles, musique etc...), assurez-vous qu'il a été fait par des personnes trans, ou du moins que des personnes trans ont participé au processus de création. En tout cas, évitez de consommer du contenu trans qui a été fait par des cis et pour des cis.

Étape 4 : apporter son soutien


Enfin, si vous souhaitez être un·e allié·e des luttes pour les droits des personnes trans, il faut aussi savoir apporter son soutien direct aux personnes trans et pas uniquement en théorie.

Pour commencer, ne laissez pas une personne trans se faire deadnamer ou mégenrer en son absence dans une conversation : il est important de normaliser la notion de respect sincère et constant envers les personnes trans et pas seulement en tant que « performance » en leur présence. Si vous êtes témoins de commentaires ou d'actes violents à caractère transphobe (que ce soit en ligne ou dans la vraie vie), intervenez et usez de votre privilège cis pour défendre les personnes qui ne peuvent pas le faire seul·e·s, et ce, qu'il s'agisse d'une « blague » ou d'une agression et quel que soit le contexte.


Soutenez aussi physiquement et matériellement des associations ou des personnes trans (financièrement, de votre travail ou autre), en particulier les personnes précarisé·e·s et celles qui subissent plusieurs axes d'oppression à la fois (gardez à l'esprit qu'il est difficile pour beaucoup de personnes trans de trouver un travail, et que la discrimination à l'emploi est encore pire pour les personnes qui subissent plusieurs formes de discrimination).


Soyez physiquement présent·e·s en tant qu'allié·e aux événements trans où votre présence est souhaitée (conférences, marches, rassemblements etc...) mais comprenez aussi que tous les événements à thématiques trans ne sont pas forcément faits pour vous, que parfois votre présence ne sera pas souhaitée et qu'il faut aussi respecter un certain besoin de se retrouver entre gens de la même communauté par moments.


Si vous voulez plus d'informations, entendre la paroles des concerné.e.s ou soutenir des artistes transgenres, voici quelques comptes à suivre sur les réseaux sociaux :


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Documentaire "Trans, c'est mon genre" - Infrarouge


! trigger warning: violences transphobes les 15 premières secondes !


La chaîne de Venus Luizzo


 
 
 

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