Le Mondial Féminin
- Cloé Garnier
- 21 févr. 2020
- 3 min de lecture

Cette coupe du monde de football féminine, huitième de sa catégorie, est la première à se dérouler en France ! Et son enjeu est de taille puisque les trois meilleures équipes seront automatiquement sélectionnées pour les JO de Tokyo 2020.
Les bleues avec leur 3e place au classement mondial en 2018 s’imposent dans le football féminin, et comptent quatre participations en coupe du monde ainsi qu’en championnats d’Europe.
Le niveau des joueuses n’efface pourtant pas les disparités entre sportifs et sportives.
En effet, fin mai, un étrange phénomène se produisit à Clairefontaine. L’équipe féminine préparant son mondial a dû céder sa place au siège historique au profit de l’équipe masculine préparant un simple match amical. Mais comment expliquer qu’on privilégie un match amical masculin à un mondial féminin? Qu’on se rassure, il n’est apparemment pas question de sexisme mais simplement d’une « priorité des bleus » sur Clairefontaine, et d’une organisation « pas facile » à cause d’un manque de place.
Mais cette différence de traitement ne semble pas s’appliquer qu’aux chambres quant on voit que pour le mondial masculin 2018, chaque joueur et membre de l'encadrement de l'équipe de France masculine (soit 27 personnes) avait touché autour de 350 000 euros. Le salaire est divisé par 8 et tombe à 40 000 euros pour chacune des joueuses et membres du staff de l’équipe féminine.
Toutefois, la milieu de terrain des Bleues Gaëtane Thiney a tenu à balayer tout début de polémique : "Les primes sont ce qu'elles sont. Si on rapporte autant que les hommes, je n'ai pas de souci à gagner autant. Mais si on fait les comptes, je ne suis pas sûr que l'équipe de France féminine rapporte autant que les hommes. Alors est-ce comparable ? Non."

Car pour que les joueuses aient les mêmes fiches de paie que les hommes, il faudrait qu’elles rapportent autant. Mais l’économie du football féminin est dure à lancer en France quand ce sport est au choix : oublié des médias, comparé à du tricot par le JT de Jean Pierre Pernaut sur TF1, ou réduit à un vagin en couverture de Charlie Hebdo.
Brigitte Henriques, la vice-présidente de la FFF et vice-présidente du comité d’organisation de cette coupe du monde, porte un regard positif sur la médiatisation de ce mondial, et lorsqu’on lui demande sa perception de l’évolution du football féminin en France, elle répond « On ne parle pas d'évolution, mais de révolution ! La plus grande victoire pour nous, c'est que les barrières culturelles soient tombées » comme en témoigne la croissance du nombre de licenciées dans les clubs en France qui a multiplié par 15 depuis la coupe du monde en Russie, mais également le financement de 15 millions d’euros de la FFF et de 3 millions par la Fifa pour la construction de vestiaires, de terrains, du matériel, des formations, etc.
Cependant la médiatisation du sport féminin est faible en France, elle représente 7% des retransmissions sportives à la télévision, dont 95% sur des chaînes payantes, alors que lorsque les matches sont diffusés, la part d’audience est très encourageante. Le match d’ouverture contre la Corée réalise un score d'audience impressionnant : près de 11 millions de téléspectateurs cumulés sur TF1 et Canal +.
La réaction de Brigitte Henriques « C'est génial que des chaînes comme Canal+ et TF1 se lancent avec une telle mobilisation. On ne peut que s'en satisfaire parce que, sans cette médiatisation, on ne peut pas enclencher l'économie du foot féminin. »
Espérons donc que l’engouement des français.e.s et des chaînes de télévision pour ce mondial féminin perdure afin que la médiatisation puisse finir ce que le niveau de joueuses a déjà commencé : lancer l’économie du football féminin et ainsi lui donner les outils nécessaires pour être reconnues en France.
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